Coutumes & traditions du Moyen Atlas

Le Moyen Atlas a ses coutumes et traditions qui sont le produit d’une culture millénaire qui a forgé l’imaginaire et l’identité de ses habitants. Elles se manifestent dans les habits, l’art culinaire, les festivités, la gestion des biens, des conflits, etc. Aujourd’hui avec la modernisation, l’amorce du désenclavement, la scolarisation, les médias, l’espace de l’authenticité et de l’originalité ne cesse de se rétrécir pour céder la place à une uniformisation et un conformisme aberrants qui réduisent à néant les spécificités et les identités.

 

Culture Zayane:

La culture Zayane fait partie de la grande culture Amazighe, avec ses spécificités, qui la distinguent des autres cultures, l’exemple le plus concret de la culture amazighe (berbère) se trouve chez les Ait Hdidou (grande tribu des Ait Yaflmane) d’Imilchil où s’organise annuellement un grand festival d’une dimension typiquement culturelle propre aux Amazighes.

Bien qu’ils soient parmi les premiers habitants du Maroc venus du nord et de l’est, et ce dès l’époque néolithique, les Berbères du Moyen Atlas vivaient en communauté très enclavée, renfermée et hermétique, contrairement à la thèse des explorateurs européens qui supposent l’homogénéité entre les tribus. Or la tribu constitue une entité avec ses spécifiés sans relations évidentes même avec les tribus voisines. Parler de « Tamazgha » (territoire Maghrébin) en tant qu’aire géographique purement berbère reste un sujet tabou.
Au Moyen Atlas et ailleurs les berbères n’ont jamais été confédérées. Malgré les diverses incursions phéniciennes, romaine, vandale, arabe, …. Ces populations vivaient isolées sans contact avec les civilisations ayant conquis le Maghreb.

Les tribus les plus représentatives des Zayanes sont les Ait Bouhadou, les Imrabten, Ibouhssousen et les Ait Lahsen ou Said qui représentent 65 % des tribus zayanes.

Festival de Ahidous :

ahidus à Zawit ech-Cheikh, mai 2006
Danse ‘ AHIDOUSs’ : danse berbère . Moyen Atlas(Azrou)

Le Festival est la forme moderne de la fête qui a, de tout temps, marqué l’existence de l’homme.

Ce dernier a, en effet, toujours, fêté la nature, la naissance, l’union.

C’est un besoin d’expression et de communication, un instant privilégié dans l’existence qui soustrait l’individu aux problèmes de la vie quotidienne et lui donne la possibilité de s’exprimer plus largement dans l’espace culturel.  Il est aussi un ciment, un lien social, une joie partagée avec l’autre. Le festival s’articule généralement autour d’un thème qui englobe le mouvement, la voix et l’esthétique par les costumes, les instruments musicaux, les accessoires etc…. Il revêt des formes culturelles et artistiques diverses.
Il est donc un élément culturel qui s’impose de plus en plus dans notre paysage culturel. Le Ministère de la culture s’efforce, dans ce sens, de faire de ces manifestations un moyen de dynamisation culturelle et artistique en leur définissant des objectifs précis :

Le Ministère de la Culture organise, chaque été, le festival d’Ahidous, en partenariat avec la Commune rurale de Ain Leuh, et l’Association Taymat des Arts de l’Atlas .

Le festival accueille annuellement de troupes des différentes provinces du Royaume ( Ifran , Khénifra – El hajjeb – Meknès – Béni Mellal – Khémisset – Séfrou – Taza – et Boulemane )

Poésie Amazigh du Moyen Atlas

ahidus à Zawit ech-Cheikh, mai 2006

Unappel déchirant troue la nuit. Cri de chacal, cri de détresse, appel au secours…  Rien de tout cela.  Nous sommes au cœur de la cédraie du Moyen-Atlas marocain par une nuit d’été constellée d’étoiles. Par trémolos successifs la mélopée se fait entendre à nouveau. De quoi s’agit-il ? Tout simplement, non loin de là, une spécialiste de tamawayt exerce son savoir-faire plusieurs fois centenaire ; la tamawayt, pièce maîtresse de la poésie amazighe moyen-atlasienne. C’est à Mouliéras, tamazightisant français spécialiste du kabyle, que revient le mérite d’avoir le premier noté quelques vers de ce type à l’automne 1900, lors d’un bref séjour à Fès. Dont l’un des plus célèbres :

iţţu meš kkerx, iţţu meš-da-gganx, iţţu mš iwix abrid, iţţu meš-d-mmutx, a way-d itilin g-walmessi-nw ! 

Itto ! Je prononce ton nom au lever, au coucher, quand je me mets en route,

Itto ! Jusqu’au jour de ma mort ; ah ! Puissé-je l’avoir en ma demeure !

On ignore, cependant, à combien de décennies, à combien de siècles en arrière il faudrait remonter pour trouver les premières traces de ces purs joyaux de l’oralité marocaine.

De nos jours, la tamawayt, (‘celle qu’on emporte’, ou ‘chanson de marche’) on le sait, est exécutée en lever de rideau lors d’une soirée berbère par une chanteuse de talent aux cordes vocales bien développées. Qu’elle s’appelle Touharrazt, Rqiya ‘Moustache’, ou Cherifa ; qu’elle vienne de Tounfit, d’Ouaoumana, de Kerrouchen, ou de Khenifra, peu importe. C’est à elle que revient l’honneur de lancer cet appel (lmayt) qui représente, sans aucun doute, la manifestation la plus pure, la plus caractéristique de la culture amazighe du Moyen-Atlas. Parfois fera-t-elle l’objet d’un duo, deux spécialistes se faisant écho, reproduisant un discours amoureux tout en propos voilés, discrets, et allusions indirectes. Cela permettra de mettre en scène le cortège de musiciens qui, rivalisant d’adresse et de virtuosité, vont se succéder tout au long de la soirée. En connaisseur, le public appréciera tel ou tel izli connu, tel ou tel nouveau refrain (llġa). Consacrera le prestige d’une vedette connue, encouragera un chanteur jeune mais talentueux. Car c’est sous cette forme chantée, éventuellement dansée, que se présente le plus souvent la poésie du Moyen-Atlas.

Nous abordons, à présent, une vaste clairière. Au milieu flambe un grand brasier régulièrement entretenu. De part et d’autre, hommes et femmes vêtus de façon traditionnelle, soit en azennar (‘burnous’) ou en tamizart (‘cape à franges’), forment l’alignement de l’ah’idus. Avec la fin des timawayin, s’achèvent les préliminaires. S’élève alors un brouhaha confus. Cependant bientôt, sur un geste du maître de cérémonies, du bu wh’idus, tout rentre dans l’ordre. Le battement cadencé des tambourins reprend ses droits. Désormais, la parole est au chant et à la danse. Cette danse-défoulement au rythme lancinant, obsédant, qu’affectionne tout Amazigh qui se respecte…  Que peut affectionner aussi quiconque prend la peine de s’y intéresser. D’y participer. Et, pourquoi pas, même un Franco-Écossais devenu arumy ašelh’iy par la force des choses.

Le milieu ambiant :

La poésie amazighe dont il est question ici englobe une entité culturelle que représente la région berbérophone du Moyen-Atlas occidental – ancien Jbel Fazaz – ainsi que le Haut Atlas sub-oriental entre Midelt et l’Asif n-Ouhansal. Région de monts élevés, de lacs, de ruisseaux, de forêts, de plateaux, où siège une culture pastorale traditionnelle, longtemps articulée autour d’une transhumance dont la période estivale sous la tente, avec profusion de petit lait, et d’agnelets gambadant sur les pâturages, figurait en point d’orgue.  Culture pastorale prisant avant tout l’honneur et le respect de la parole donnée, avec son parler Tamazight, ses us et coutumes, formant un tout, ô combien attachant.

Région charnière entre un Maroc dit « utile » et l’autre, soi-disant « inutile » ! Région au passé fécond en évènements dont la portée a été parfois sans doute volontairement occultée. Ensemble spatio-temporel quadrillé par des lieux célèbres, dont certains ont une véritable valeur mythique dans l’inconscient collectif des populations. Évoquons successivement la région de Tafoudeït sur le cours supérieur de l’Oued Beht ; l’Oum Rbia’ (anciennement Wansifen) seigneur parmi les fleuves marocains ; le très fertile Tigrigra, enjeu jadis de convoitises tribales ; le somptueux décor verdoyant de Zaouit Oued Ifrane ; le plateau d’Ajdir cerné de cèdres (réservé au pastoralisme zaïan) ; le site historique de Lenda chargé de symboles. Parmi les hauts-lieux, citons le Jbel Toujjit aux sources de la Moulouya, sommet mythique qu’affectionnait Sidi ‘Ali Amhaouch ; le très abrupt et chaotique Tazizaout – véritable Vercors atlasien.  L’Aari ou ‘Ayyach, enfin, monarque incontesté de ces contrées et qui passa, pendant longtemps, pour être la cime maîtresse du Maghreb. Voilà pour le décor.

110ahidusiimilchilmusem19672Alignement classique de l’ahidusagdud de Sidi Hmad Lmeghni, Sep 1967 .

Peu étonnant, dès lors, qu’une région au passé prestigieux ait pu produire pareil corpus de poésie, où l’on distingue, bien sûr, les morceaux courts, izlan et timawayin déjà cités, consacrés majoritairement à l’amour courtois berbère ; des ballades plus longues, des genres tiyffrin, ou timdyazin. Qui relatent, qui commentent, des évènements passés, ou actuels ; domaine réservé à la corporation des troubadours, intellectuels ruraux confirmés, les imdyazn, ou imlyazn, originaires pour l’essentiel, du versant saharien du Grand Atlas. Dont la démarche imprégnée d’humilité rappelle l’errance exemplaire des Soufis de naguère.

Praticiens anciens

Voyons, à présent, quels sont les principaux praticiens grâce auxquels ce genre conserve dynamisme et diversité. Évoquons en premier les très grands anciens. Parmi ceux-ci des troubadours (imdyazn) tels Sidi Nbarch de Tazrouft, ou Jeddi, témoins de la fin des temps héroïques et auteurs de ballades anciennes ayant marqué leur époque, dont le présent auteur a publié de longs extraits dans l’un de ses livres (1). Des poètes de village célèbres, également, tels que Taouqrat, la célèbre barde aveugle des Ayt Sokhman, qui a chanté le combat des Imazighen face à la pénétration militaire française. Poésies de résistance vraiment sublimes, où le courage des uns est autant encensé que la veulerie des autres est flétrie sans ménagement (2). Venons en enfin aux grands disparus des années 1970 : chez les femmes, la très belle Aïcha Touirra de Midelt, ou la fine et mince Aïcha Taghzzeft de Tighessaline. La première est surtout connue par cette tamawayt :-

illa wzur n-wazzar issigg ixf i-wul, 

adday ġiyyer yali d ššib imlil ixf ! 

La racine du cheveu plonge dans le cœur,

Lorsque que peine subit, la chevelure blanchit !

La seconde aurait lancé cet izli mémorable sur les affres de l’amour :-

a way-d immuten yumayn, iεayd ad-ikk ġurun, 

bar ad-raεax ad-ittru way nh’ubba mid εenwa ! 

Deux jours souhaiterais-je mourir, puis parmi vous revenir ;

Sans doute verrais-je si mon amant se lamente ou fait semblant !

Chez les hommes, citons Moha ou Mouzoun, qui vit encore ; ‘Ali Ouchiban et, surtout, l’immortel Hammou ou Lyazid. C’est une mention prioritaire que l’on accordera à ce dernier, sans vouloir minimiser le rôle des autres, tant a été déterminante sa contribution à la poésie des Imazighen du Moyen Atlas. Véritable géant de la profession que cet homme modeste et généreux, compte tenu de l’influence qu’il a exercé sur la démarche poétique qui nous préoccupe. Mentor tout d’abord, puis partenaire d’un certain Mohamed Rouicha, (ce que beaucoup de gens ignorent) il lui a légué une partie importante de son répertoire. Voici quelques extraits de son corpus, dont le fleuron demeure cette célèbre tamdyazt qui commence par l’hémistiche bdix-š, a sidi rebbi, žud ġifi, (‘Je commence par toi, Seigneur, inspire-moi !’).  Puis, un couplet souvent entendu à l’occasion d’une noce (3):-

a terbh’ed, ad-ur-tekkat lbab ur-sulaġ, 

a wa, illa wbrid lšġel, may trid ?

Ne frappe pas à la porte – de grâce,

Que veux-tu ? Ici on s’affaire à la tâche !

Dans le même contexte on relève un autre refrain célèbre attribué à Hammou ou Lyazid :-

nufa timlallin s-wass, 

a fad-nnem, a tseεya ! 

De jour avons trouvé des gazelles,

Cruellement nous a tu fait défaut, ô fusil Lebel !

Également, image charmante de la poésie courtoise, un couplet très largement diffusé, précédé de son refrain :-

iufru wh’emmam, iufru wr-iqqimi ġuri, lafut tinw, nekkin ur-as-iyyin lεašš ad-iqqim tama-nw ! 

išuwwer wass ih’emmamn da-yezri

wenna ġr illa ša lεašš da d-ittežbar !

Envolé le ramier, parti de chez moi,  par ma faute envolé,

N’ai point su lui faire de nid pour qu’il reste à mes côtés !

Le jour décline, à tire d’aile passent les ramiers,

Celui qui possède un nid va s’y abriter !

Vers d’ailleurs repris depuis par Rouicha, ainsi que par un autre spécialiste contemporain, Abdelwahed El Hajjaoui.

Ténors actuels

En effet, depuis la fin des années 1970, nombreux sont les bardes qui se sont affichés sur la scène moyen-atlasienne, signe de l’excellente santé de cet art poétique. Sans prétendre procéder à une énumération exhaustive, on retiendra les noms de ceux qui ont fait – font encore – les belles heures de la poésie campagnarde : Lahcen Abouzane, Moha n-Itzer, Lahcen Ouâchouch, Sidi Moh de Tighessaline, Omar Boutamzought, Haddou Chaouch, Lkass, Azelmad, Ahouzar, Houssa, Haddioui, Cherifa, Mounir de Khénifra, Illis n-Tmazirt, et bien d’autres encore. Finalement, se détachant quelque peu du peloton, Bennasser ou Khouya, Meghni, et Rouicha, l’actuel chanteur emblématique des Imazighen. Une certaine rivalité a longtemps opposé ces trois.

Bennasser ou Khouya, accompagné d’un joueur de vieille (bu lkmenža) expérimenté, ainsi que de la non moins expérimentée chanteuse Hadda ou Aqqi (devenue par la suite vedette à part entière), a su tenir la dragée haute aux deux virtuoses du luţar que sont Meghni et Rouicha.  Ces deux-là se sont du reste produits ensemble au moins une fois, Rouicha, bon prince, reconnaissant que son collègue était plus fin joueur de luth que lui-même. Prenons quelques exemples dans le répertoire de ce trio de tête. Benasser ou Khouya, originaire de Zawit ech Cheikh, a pondu un admirable refrain court, assorti d’un couplet, sur les tribulations de l’amoureux  impénitent :-

adda wr-yix ah’yuð, a ta, 

aseggwas-a, la bass γuri ! 

Si la folie ne m’ouvre les bras

Avant la fin de l’année, je dirai ‘ça va’ !

šuf ay h’ðix abrid meεna  at-id-ikk ša, 

da-ðemmeεx ad-ikker wenna yllan š taddart-nnes ! 

Constate à quel point j’ai guetté le sentier,

En souhaitant la venue de celle qui est en sa demeure !

Mohamed Rouicha, natif de Khénifra, ‘capitale’ du pays zaïan, domine actuellement la scène moyen-atlasienne. Devenu superstar, ses tournées nationales et internationales l’ont amené au contact d’un public élargi. L’ont amené à innover, d’une part en chantant en dariža pour se mettre au diapason de certains auditoires, en expérimentant avec la chorégraphie, mais avant tout avec les procédés d’exécution de la tamawayt, de la tamdyazt, dans le but de les re-dynamiser, de les rendre plus attractifs au tout venant. Même si certains puristes de la poésie amazighe ont pu le critiquer pour cela. Sa préférence, toutefois, va au public de son bled natal. À Khénifra et ses environs, à un lieu idyllique où il aime se produire, sur les berges de l’Agelmam Azigza, autre ‘lac bleu’. Voici quelques extraits d’un très vaste répertoire. Dont tout d’abord cet izli d’un cynisme désarmant :-

kkix-d tama n-εari slix i ša da-ttrun, 

 tenna-yi tasa-nu, ay aytma, bar idd asmun !

En longeant de la forêt la lisière j’ai entendu pleurer,

Me suis-je demandé, ô mes frères : ‘Serait-ce ma bien-aimée ?’

D’une notoriété sans doute plus grande, ce refrain :-

awid aman, awid aman a-tsuġ iġus i-wul, 

ša n-ifili n-rruh’ ag sul !

Apporte de l’eau, apporte à boire que je me désaltère,

Mon cœur s’embrase, ne tient plus qu’à un fil !

Il s’accommode avec un izli qui nous ramène tout droit au jardin d’Éden, aux temps primordiaux où  hommes et bêtes sauvages se comprenaient, où ‘tout le monde avait de la parole le don’ ( lla-tsawal ddunit ):-

a wa š ikjemn, a εari,                                         

ad-iy asmun  i-luh’uš, 

ad-imun-d wenna t-iran, 

ġers aynna wr-t-ittany ša ! 

Puissé-je entrer dans la forêt,

Tenir compagnie aux fauves,

Séjourner avec celle que j’aime,

Loin des regards indiscrets !

Moins extroverti, sans doute moins connu sur la scène internationale, Meghni, homme simple et discret, reste le puriste, l’artisan éclairé et amoureux de son art. Quelques extraits de son corpus, dont, pour commencer, une tamawayt très expressif :-

a wayd immutn ad-iffeġ tindam 

ad-iffeġ tama n-wenna mi xxix g-ul ! 

Puissé-je sans tarder mourir pour mettre un terme au regrets,

M’écarter de celui, chez qui ne suis plus en odeur de sainteté !

Voilà un izli dont Meghni semblerait partager la parenté avec Lahcen Ouâchouch, vu qu’il figurait au programme de ces deux poètes en 1981-1982.

idd-is-turezzud a-teddud ad-i-dzrid, a wenna rix ? 

mani lεahed, mani lεazaziyt-nneš, a wennax ira wul ?!

Chercherais-tu à t’esquiver, à me lâcher, ô toi que j’aime ?

Que fais-tu de ton serment, ton affection, ô toi l’élu de mon cœur ?!

Un autre izli célèbre, enfin, entendu en 1983 :-

ikka yfiġr ġifi allig ar-h’eððux ifilan, 

 mayd ziyi yssufġen yad uxlaε ikšem diyi ? 

 La vipère m’ayant effleuré de la ficelle même me méfie,

Qui donc pourra exorciser cette frayeur qui me saisit ?

Poètes professionnels ruraux:

Citons, enfin, quelques uns parmi ceux qui permettent à la poésie amazighe de maintenir le cap, de faire plus que survivre, c’est à dire les imdyazn. Alors là, une constatation heureuse s’impose. Sur la bordure nord du Moyen-Atlas, chez les Iyerwan, les Ayt Seghrouchen, les Ayt Myill, les Ayt Ndhir, malgré la proximité des grandes métropoles de Fès et Meknès, avec des groupes comme Inchaden et d’autres, les troubadours font encore bonne figure. Peu importe qu’ils qualifient leur genre de tamlyazt, de tanšad, ou d’ahellel. Professionnalisme et savoir-faire sont au rendez-vous pour garantir une production impeccable.

Plus au sud, dans le Grand Atlas autour de l’ ‘Aari ou ‘Ayyach et de la Zaouit Sidi Hamza, la situation est plus difficile. Hammou Zahra de la vallée de T‘ar‘art, qui comptait dans son répertoire une magnifique ballade sur Bou Salim El ‘Ayyachi, a pris sa retraite. Mais son fils aurait, aux dernières nouvelles, repris le flambeau. À Tounfit, le cheikh Ou ‘Aqqa exerce toujours son métier. Chez les Ayt Merghad, la primeur revient à Lbaz.